Depuis quelques années, le vocabulaire de la “startup nation” s’est peu à peu imposé dans notre quotidien. Ce changement traduit une évolution plus large, celle d’une société où l’entrepreneuriat s’est fortement démocratisé. Or, les écoles de management ont amplement assumé leur rôle dans cette transformation. En effet, les questions entrepreneuriales sont désormais au cœur de leurs formations tandis que les étudiants sont de plus en plus poussés à se lancer dans le monde parfois redoutable de la startup.
Zoom sur l’entrepreneuriat
Une startup se distingue avant tout par deux grandes caractéristiques : une perspective de forte croissance et un besoin de financement particulièrement élevé. A ce titre, plus d’un quart des startups ont des fonds de capital-risque dans leur capital. Ces dernières années, les startups cartonnent dans le monde du digital, de la HealthTech ou encore de l’écologie. Plus récemment, l’entrepreneuriat social s’est aussi particulièrement développé.
De Criteo à Ornikar, plusieurs startups ont connu des réussites fabuleuses. Certaines sont même devenues des licornes, c’est-à-dire des startups valorisées à plus d’un milliard de dollars. En 2021, la France comptait 16 licornes (en attendant Sorare !), moins que le Royaume-Uni (37), et autant que l’Allemagne (16). Pour autant, cette année a marqué une nette progression pour la France, puisque pas moins de trois startups ont obtenu le prestigieux rang de licorne ces derniers mois. Il s’agissait de l’assureur en ligne Alan, de la société éditrice d’un logiciel de fraude aux assurances, Shift Technology, et du spécialiste des téléphones reconditionnés, Back Market.
Plusieurs de ces grandes startups ont été créées par des anciens étudiants d’école de management. C’est par exemple le cas de Doctolib et Lydia, co-fondées par des anciens d’HEC Paris. Les autres écoles de management ne sont pas en reste et voient de nombreux alumni briller dans le monde de l’entrepreneuriat grâce à leur enseignement de qualité.
Nous avons ainsi passé au crible la formation proposée par sept d’entre elles en matière d’entrepreneuriat. Ces écoles, dont nous avons pu décortiquer les programmes, ont accepté de se soumettre au radar d’Up2School. Il s’agit de Brest BS, BSB, emlyon bs, l’EM Strasbourg, NEOMA, SCBS et TBS. Elles se démarquent tout particulièrement par l’intégration de leurs étudiants dans le monde entrepreneurial.
Étudions donc plus en détail les forces et faiblesses de chacune.
L’entrepreneuriat dans la formation académique
À l’évidence, le bagage général acquis au sein des Programmes Grande École (droit, finance…) est toujours utile pour un entrepreneur. Pour autant, chaque école propose aussi de nombreux cursus spécialisés pour les futurs créateurs de startups.
L’entrepreneuriat à l’EM Strasbourg
A l’EM Strasbourg, les étudiants peuvent se spécialiser en entrepreneuriat dès la deuxième année. Avec la majeure entrepreneuriat et stratégie, les étudiants acquièrent des compétences techniques en management adaptées aux besoins des PME. Ils sont également invités à présenter et mettre en œuvre un business plan complet d’un projet de création d’entreprise avec les éléments marketing, financiers, juridiques et stratégiques.
Plus tard dans leur scolarité, ils ont la possibilité de rejoindre le M2 Entrepreneuriat de l’école ou bien son M2 Création, développement d’entreprise et conseil. Ces parcours visent à donner aux élèves les outils et concepts de gestion utiles pour réaliser leur projet entrepreneurial.
L’entrepreneuriat à NEOMA BS
L’entrepreneuriat est également un parti pris dans la formation proposée à NEOMA. Pour former les startupers de demain, l’école met en place toute une gamme de projets, événements et formations.
L’école organise notamment les « Cafés Entrepreneurs » pour permettre aux étudiants d’échanger de manière informelle avec des créateurs d’entreprise. Elle organise également des exercices « grandeur nature », comme le « NEOMA BS Startup », un challenge entrepreneurial ouvert à tous ses étudiants.
Dans ses formations à proprement parler, NEOMA propose un large éventail d’électifs dédiés à l’entrepreneuriat (Boosting Creativity, Simulation Entrepreneuriale…). Quatre cursus sont également possibles pour continuer à se spécialiser. Les élèves peuvent notamment choisir le MSc « Entrepreneurship & Innovation », le module « Gestion de projet et entrepreneuriat » dans le cursus TEMA, ou encore l’« Entrepreneurship track » du Global BBA. Plus récemment, NEOMA a également mis en place le parcours Entrepreneurs sans Frontières qui permet d’effectuer un échange au sein de l’incubateur d’une université partenaire.
L’entrepreneuriat à emlyon bs
Forte de son esprit “Makers”, l’école lyonnaise a fait de l’entrepreneuriat l’une de ses priorités. Dans le cadre du Programme Grande École, tous les étudiants doivent passer par le fameux cours PCE (Projet de Création d’entreprise). De nombreux étudiants suivent ensuite le track “Early Makers” pour se spécialiser dans l’entrepreneuriat. Grâce au format de “cours à la carte”, les étudiants peuvent ainsi combiner une approche à la fois générale avec des cours spécialisés.
Ces trois années d’apprentissage mènent beaucoup d’étudiants au Master Spécialisé Entrepreneuriat et Management de l’innovation. Fondé sur la pédagogie du “learning by doing”, ce cursus permet aux étudiants de développer des compétences nouvelles en design thinking, digital disruption, ou encore en business development.
Pour encadrer les élèves dans leur création d’entreprise, l’école fait appel à de nombreuses startups et entreprises. C’est notamment le cas dans le cadre de l’Exhibit Innovation Day et d’autres défis autour de l’innovation. On trouve des entreprises de plusieurs tailles : de 1, 2, 3 Crèche à IBM en passant par Cyclable et Danone.
L’entrepreneuriat à BSB
Dès la première année, les élèves de BSB peuvent choisir le parcours d’excellence entrepreneuriat et innovation. La plupart des élèves choisissent ensuite la spécialisation Entrepreneuriat et Management des PME en Master 2.
L’école fait également la part belle à l’entrepreneuriat dans ses programmes courts. Sa summer school intègre par exemple un cursus intitulé Creative Mindset and Entrepreneurial Leadership. Celui-ci s’appuie sur trois piliers d’apprentissage stimulés au quotidien : la pensée entrepreneuriale, le leadership et la créativité.
L’entrepreneuriat à TBS
En 2019, TBS s’est distinguée en devenant la première école de management française à intégrer le Babson Collaborative for Entrepreneurship Education. Il s’agit d’un prestigieux réseau mondial qui réunit des établissements d’enseignement supérieur reconnus pour leur expertise en matière de formation à l’entrepreneuriat.
Dès la première année, TBS propose à ses étudiants de participer au SEMIS (Séminaire d’Initiations entrepreneuriales). L’objectif de cette initiative pédagogique est de placer les étudiants dans une situation concrète d’entrepreneur.
Le laboratoire de recherche “Entrepreneuriat et Stratégie” de l’école encadre notamment le MSc Entrepreneuriat et Business Development. Ce master donne aux élèves les principales clefs pour fonder leur entreprise et en développer le portefeuille d’activités.
L’entrepreneuriat à SCBS
A SCBS, l’organisation de hackathons, de challenges ou d’évènements créatifs, aussi bien sur le campus qu’à la Technopole de l’Aube en Champagne, permet de rencontrer des profils d’étudiants aux compétences complémentaires, qui pourront possiblement s’associer dans leur projet entrepreneurial.
En parallèle, chaque programme de l’école intègre des cours de sensibilisation à l’entrepreneuriat. Cet atout permet aux étudiants de préparer le MSc ICE (Innovation, Creativity and Entrepreneurship). Ce programme de haut niveau, dispensé en anglais, mêle ainsi des étudiants managers, designers et ingénieurs, tous animés par l’esprit startup.
L’entrepreneuriat à Brest BS
Brest BS forme en continu ses étudiants à la création d’entreprise grâce à son offre dense de cours et électifs dédiés au secteur. Les élèves reçoivent des cours de “Création d’entreprise” ou encore d’International Entrepreneurship. Ainsi, si l’école ne propose pas de formation dédiée à l’entrepreneuriat, elle intègre cette logique en la distillant dans ses autres programmes.
La place et le prestige des incubateurs
L’incubateur d’emlyon bs
L’incubateur d’emlyon bs est l’un des plus puissants de France. Depuis 2008, il accompagne soixante projets d’entrepreneurs chaque année. À elles seules, les sociétés incubées ces trois dernières années ont réalisé un chiffre d’affaires de 360 millions d’euros. 70% des entreprises incubées sont encore en activité cinq ans plus tard.
L’incubateur de NEOMA
Idem à NEOMA, où l’incubateur est particulièrement performant. Parmi les anciennes startups incubées, on retrouve par exemple Ollca (2,3 millions d’euros levés depuis 2011) ou encore Ulysse (1,3 millions d’euros levés en 2019). Cette dernière, fondée par l’alumni Axel Guidicelli, se spécialise notamment dans le transport et l’accompagnement de personnes à mobilité réduite. En moyenne, les startups incubées à NEOMA lèvent plus de 80 millions d’euros chaque année.
L’incubateur de TBS
La structure TBSeeds est dédiée aux étudiants de TBS en cours de scolarité, en parallèle de leur cursus. Parmi les projets qui font la fierté de l’incubateur, on retrouve notamment l’offre de soutien scolaire School Mouv ou encore le Comptoir des Pharmacies, une plateforme privée de déstockage réservée aux pharmaciens français.
L’incubateur de l’EM Strasbourg
A Strasbourg, le pré-incubateur START’EM Strasbourg, association et composante de la “ruche à projets”, propose un service d’accompagnement en amont de la création d’entreprise. La Ruche à Projets est le centre entrepreneurial de l’EM Strasbourg Business School. Inaugurée en 2013, elle fonctionne comme un véritable incubateur qui accompagne les étudiants à l’esprit entrepreneurial. Avec 100 étudiants incubés en 2019-2020 et 15 coachs dédiés, cette jeune structure est en pleine croissance.
L’incubateur de BSB
L’incubateur The Entrepreneurial Garden (TEG) de BSB accompagne les étudiants entrepreneurs de BSB à travers un processus adapté aux particularités de chacun. Plus de trente entreprises sont incubées chaque année, dans plus de dix secteurs d’activité différents. Les principaux secteurs sont la foodtech, le vin, la santé et la culture.
L’incubateur de Brest BS
L’Incubateur de Brest BS a été créé en 2006 par ce qui s’appelait à l’époque l’ESC Bretagne Brest. Cet espace a permis l’accompagnement de plus de 50 projets de création d’entreprise sur des durées qui varient de 6 à 36 mois. Parmi les entreprises qui ont grandi grâce à l’incubateur de Brest Business School, citons Zéros Gâchis, Penn ar Box, Europrocurement ou encore Me & My Boss.
L’incubateur de SCBS
À SCBS, le YEC, Young Entrepreneur Center, est un incubateur étudiant dédié à l’accompagnement de projets. Il est implanté à la Technopole de l’Aube en Champagne, à proximité de l’école. Depuis sa création, le YEC a accompagné plus d’une centaine de projets et contribué à la création de 28 entreprises. Cette réussite est notamment le fruit de plusieurs partenariats privés, comme avec ERDF, KPMG et le CIC.
Les alumni dans les startups françaises et internationales
Étant donnée l’importance dans l’entrepreneuriat dans ces écoles, on retrouve de nombreux alumni fondateurs ou en poste dans des startups. Du côté de l’emlyon, on retrouve par exemple Thibaut Machet (PGE 2009), fondateur de Play Play ou encore Clément Mauget (2013) chez Agicap. Agicap est un logiciel de gestion de trésorerie destinée aux PME.
Parmi les startups qui ont récemment levé le plus de fonds, on trouve également Meero. Fondée par Thomas Rebaud, l’entreprise que certains surnomment le “Uber de la photographie”, a levé plus de 200 millions d’euros en 2019. On trouve également Vestiaire Collective, fondée par un ancien de NEOMA. Créée en octobre 2009, l’entreprise se revendique comme le premier site de dépôt-vente en ligne consacré au luxe et à la mode. Elle a récemment levé plus de 240 millions de dollars.
Finalement, quelle école choisir ?

Pour rendre compte des performances de ces sept écoles dans le domaine entrepreneurial, nous avons calculé un score centré réduit sur la base de quatorze critères qui, une fois pondérés, ont permis d’établir une hiérarchie entre elles. A l’issue de cette analyse, c’est emlyon bs qui occupe la première place de notre classement. NEOMA et l’EM Strasbourg complètent le podium. Suivent TBS, BSB, SCBS et Brest BS.

L’école lyonnaise occupe somme toute logiquement la première place. Traditionnellement cotée comme l’une des meilleures écoles du pays, elle place l’entrepreneuriat au cœur de ses valeurs. La force de son réseau alumni et de son incubateur sont par ailleurs des atouts majeurs. Si l’accompagnement à la création d’entreprise est donc de bonne qualité dans ces septs écoles, force est de reconnaître la supériorité lyonnaise en la matière.
Pour autant, dans le monde de l’entrepreneuriat, si la qualité de la formation a son importance, le projet en lui-même est décisif dans sa réussite. Ainsi, il ne faut pas oublier qu’ici l’école agit comme un accompagnateur afin de s’assurer que le projet soit exécuté de la meilleure des manières.